Renault-Psa, Toyota, Volkswagen, Mercedes, Hyundai, Ford, etc. Les grandes marques automobiles mondiales investissent le marché africain. D’abord pour vendre, ensuite, de plus en plus aussi pour y construire sur place quelques-uns de leurs modèles. A côté de cela, des marques authentiquement africaines essayent de frayer une place sur le marché.
Elle ne représente que 2% du marché mondial de l’automobile. Mais, de l’avis de tous, l’Afrique, même si elle n’est encore que le débouché privilégié des véhicules d’occasion, constitue néanmoins un potentiel que les grands constructeurs ne sauraient se permettre d’ignorer. L’on n’en veut pour preuve que le taux de motorisation en forte progression de 26% enregistré dans la période 2007-2013, soit 6% de plus que la moyenne mondiale. A noter, les grandes marques mondiales y ont écoulé environ 1,8 million d’automobiles en 2015.
Un grand marché potentiel
Avec une population de plus d’1,1 milliard d’habitants et une classe moyenne en pleine croissance, l’Afrique est appelée à devenir dans les prochaines années un important marché pour les constructeurs automobiles.
« Certains constructeurs ont raté le marché chinois. Ils s’en mordent les doigts, et ils ne veulent pas rater le marché africain de demain », remarque Meissa Tall, expert automobile du cabinet Kurt Salmon, cité par le site Slate.fr. Même si, de l’avis de certains spécialistes, l’environnement, l’étroitesse et la structuration de certains marchés ne favorisent pas toujours l’implantation de grands constructeurs, nombre d’entre eux qui, jusque-là, ne se contentaient que d’y vendre leurs modèles, sont tentés d’installer des usines en Afrique.
Il faut relever que produire des automobiles sur place implique que cela revient moins cher qu’en Europe, en Amérique ou en Asie grâce au coût réduit de la main d’œuvre et à des exigences réglementaires (sécurité, pollution) moins strictes. Par ailleurs, il s’agit de proposer à la clientèle locale des automobiles qui répondent à leurs attentes spécifiques, à un prix serré.
Pour le directeur de la zone Afrique – Moyen-Orient du groupe de Renault-PSA, Jean-Christophe Quémard, « il faut produire au plus près des marchés afin de neutraliser les effets de change et les barrières douanières ». C’est ce qui, par exemple, explique la relance d’une activité d’assemblage de Peugeot au Nigeria.
L’Afrique du Sud plus grand marché de l’automobile en Afrique
L’Afrique du Sud, qui apparait comme le plus gros marché du continent, et le Maroc apparaissent comme les deux pays qui attirent le plus de constructeurs. A eux deux, ils assurent aujourd’hui 90% de la production automobile africaine.
En plus d’être, avec 400 000 voitures vendues par an, le plus important marché de l’automobile (soit plus du tiers des voitures vendues sur le continent), l’Afrique du Sud attire pratiquement tous les grands constructeurs mondiaux. Ford, General Motors, Volkswagen, BMW, FAW, Renault, MAN, DAF Trucks, Mercedes Benz, Toyota, Nissan, Tata, etc., ont installé des unités industrielles pour répondre à une demande locale et régionale.
Vient ensuite le Maroc. Ici, le français PSA a annoncé l’implantation d’une usine de 90.000 unités par an à l’échéance 2019, afin d’alimenter le marché intérieur, mais aussi la zone Afrique – Moyen-Orient. Ce groupe avait été précédée par Renault. Inaugurée en 2012 et destinée surtout à l’export, son usine de Tanger a contribué à hisser le royaume chérifien à la deuxième place des pays africains producteurs d’automobiles, derrière l’Afrique du Sud. Le groupe a en outre inauguré une petite unité industrielle fin 2014 à Oran, pour le marché intérieur algérien. Les autorités marocaines affirment avoir aussi été approchées par Ford et Volkswagen. PSA, pour sa part, négocie avec les autorités l’installation d’une usine en Algérie.
Une place pour des marques authentiquement africaines
Si les grandes firmes internationales s’installent de plus en plus sur le continent, force est de relever que des marques authentiquement africaines, des voitures construites par les Africains en Afrique, voient, elles aussi le jour. Il en est ainsi, par exemple, du constructeur marocain Laraki qui produit et commercialise Fulgura, Borac et Epitome, des voitures de luxe aux allures sportives qui affichent une performance particulière.
L’Afrique du Sud compte le plus grand nombre de constructeurs africains. Perana Performance Group dispose d’usines modernes et hi-tech appelées Automotive & Superperformance. Son modèle phare est le Z-One que les spécialistes considèrent comme un sérieux concurrent aux véhicules produits par les grandes firmes internationales. Vient ensuite la société sud-africaine Birkin Cars, le concepteur du super modèle de voiture sportive, S3 Roaster, que les spécialistes comparent au kit-car Lotus Super 7. Pour sa part, la firme Bailey Edwards Cars est spécialement connue pour ses voitures de sport. Elle se spécialise dans la fabrication de voitures de compétition qui se positionnent comme de véritables concurrents des modèles japonais, européens et autres, et excellent dans la catégorie où elles se sont positionnées. L’Advanced Automotive Design, une autre firme sud-africaine a pu produire Shaka Giotto et Shaka Nynya, deux modèles dont on dit qu’ils ont su conquérir le cœur des consommateurs.
En Libye, la firme Saroukh el-Jamahiriya a produit une voiture de grande classe et de grand luxe. La société ougandaise Kiira Motors Corporation a, en 2014, dévoilé pour la première fois, Kiira EV, son modèle de voiture hybride, un véhicule entièrement conçu et fabriqué en Ouganda. La firme tunisienne Wallyscar, arrive à écouler jusqu’à 600 voitures par an dans des pays tels que le Qatar, le Maroc, l’Espagne et Panama. Innoson Vehicle Manufacturing (IVM) Co. Ltd, une firme nigériane, a mis deux modèles de voitures en circulation, l’IVM Uzo et l’IVM Umu. Au Ghana, le Made in Africa se manifeste à travers la Kantaka, un 4X4 qui a la prétention de rivaliser avec les SUV européens ou asiatiques. Au Kenya, la Kenya Vehicle Manufacturers (KVM) fabrique la Mobius, qui se veut la voiture la moins chère d’Afrique, etc.
La concurrence s’annonce donc rude, et il faudra relever les défis de la compétitivité et de la rentabilité.